Man : the verdict of science science and superstition / by G.N. Ridley.

Ridley, G. N. (Geoffrey Norman)

Date:: [1946]

Catalogue details

Licence: Attribution-NonCommercial 4.0 International (CC BY-NC 4.0)

Credit: Man : the verdict of science science and superstition / by G.N. Ridley. Source: Wellcome Collection.

18/316 (page 6)

e LA SÉLECTION HUMAINE. les misères humaines, il ne faut pas qu'elle nous paye d'illu¬ sions. La nature humaine, avec la science, ou sans la science, ne comporte pas ce bonheur complet auquel, im¬ puissants, nous aspirons. Nulle foi'ce, céleste ou terrestre, ne pourra nous mettre dans un état permanent de bien-être, dans cette euphorie adorable, qu'on ressent parfois, pendant de rares et courts moments, quanti on est très jeune. Nous portons en nous, fixées sur notre шог, des infir¬ mités de corps, et d'âme surtout, désespérantes. Kt d'abord c'est la fuite du temps. Notre organisme men¬ tal est construit de telle sorte que le temps présent n'est qu'un rêve. Nous appelons temps présentée (|ui est très récent passé ou très proche avenir. Le présent est constitué par ces d(uix fugitives irréalités, qui d'ailleurs ne sont pas le temps présent. Rapide, mobile, insaisissable, il s'envole quand on veut le saisir : fantôme qui échappe à toute étreinte, et qui disparaît d'autant plus qu'on veut plus l'étreindre; ombre qui fuit derrière nous sur le sable. Quelle joie peut donc être vraiment une joie, s'il n'est pas permis de se reposer en elle, de s'y étendre paresseusement? Quelles délices peuvent être vraiment des délices, s'il faut, tout de suite après les avoir goûtées, ou avoir cru les goûter, partir à la recherche de délices nouvelles? Peut-on parler de bonheur vrai, quand on est réduit au bonheur qui viendra, ou au sou¬ venir, vibrant encore, du bonheur qui a passé? Quelle dou¬ ceur peut-on attendre de ces deux rêves? Par un contraste étrange, la conscience de la douleur na pas cette même instabilité; car le souvenir récent d'une douleur intense est aussi angoissant que la douleur même. La douleur a le rare privilège de retentir longtemps, durable¬ ment, dans la conscience, et de faire sentir sa morsure long-