Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille : depuis qu'elle est affligée de la contagion, tiré du mémorial de la chambre du conseil de l'Hôtel-de-Ville tenu par le sieur Pichatty de Croissainte.

Marseille (France)

Date:: [An II [1794]

Credit: Journal abrégé de ce qui s'est passé en la ville de Marseille : depuis qu'elle est affligée de la contagion, tiré du mémorial de la chambre du conseil de l'Hôtel-de-Ville tenu par le sieur Pichatty de Croissainte. Source: Wellcome Collection.

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$U cependant laisser périr tous ces pauvres petits innocens qu5on trouve» ainsi de tous côtés, et tant d’autres infortunés enfans de bas âge que la peste rend orphelins ? On prend l’hôpital St. Jacques de Galice, et le couvent des pères de Lorette , qui se trouve vuide par la mort ou la fuite de tous ces religieux, et là on les fait nourrir , ou avec de la soupe , ou en leur faisant traire des chèvres : le nombre de ces infortunés est si grand, que, quoiqu’il en meure tous les jours 3o ou 40 , il s’y en trouve toujours 12 ou i3oo , par ceux que l’on y - f — • - porte successivement chaque jour. Le 20 , une partie de ces forçats, qu’on a reçu deux jours aupara- J * . . .* ) _ • J 3 A jk . V.1 U . î V >-*-• f j J r ». > . vant, sont atteints de la peste , et hors d’état de travailler 5 on va en demander de nouveau à MM. du corps des galères , qui en ac- cordent encore trente-trois. Ce jour , presque tous les meûniers et tous les boulangers cessant de travailler, parce que tous les garçons les ont quittés et ont prie la fuite ; ordonnance à ma réquisition pour contraindre les déserteurs à revenir , et pour défendre à ceux qui restent de quitter à peine de la vie. Il ne se trouve plus aucun maçon dans la ville , et il faut faire divers ouvrages aux cimetières et aux hôpitaux : autre pareille ordonnance pour les contraindre à revenir, et une autre encore pour défendre de sortir de la ville la farine et le pain bis , destiné pour la subsistance des pauvres , à peine d’amende et de confiscation. Le 21 août , la peste commence d’agir avec tant d’ardeur , et le nombre des morts se trouve tout-à-coup si multiplié, qu’on considère qu’il est du tout impossible qu’on puisse venir à bout de les enlever avec les tomberaux , pour les transporter dans les fosses ouvertes hors la ville, parce qu’outre que les tomberaux ne peuvent point aller au haut quartier de St. Jean , ni en plusieurs autres de la vieille ville , dont les rues sonf étroites et scabreuses, rues cependant où se trouve * i t 1 -..Ç „ * . ? • » le plus grand nombre de cadavres , étant habitées par une fourmilière \ •' U : : de populace ; il y a de la , aux fosses hors les murs, un éloignement •* ■ f t.* y >. ■ ■> '.« r f r î et une distance qui empêche qu’on puisse parvenir à faire tout le tra- yail qu’il faut pour transporter tant de cadavres , et ne point tomber dans l’inconvénient de les laisser arrérager, et d’ayoir par-là une in- fection générale qui empeste l’air. ° 7> * • > { r . Sur cette difficulté et sur plusieurs autres embarrassantes, qui de- mandent l’avis d’un nombre de personnes judicieuses, M, le marquis$