Volume 2

Médecine navale ou nouveaux éléments d'hygiène, de pathologie et thérapeutique médico-chirurgicales / [C.P. Forget].

  • Forget, C. P. (Charles-Polydore), 1800-1861
Date:
1832
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Credit: Médecine navale ou nouveaux éléments d'hygiène, de pathologie et thérapeutique médico-chirurgicales / [C.P. Forget]. Source: Wellcome Collection.

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    ces croisières insipides que rien ne remplit, durant ces quarts paisibles et solitaires des belles nuits, l’âme s’abandonne à de vaines chimères, se livre aux illusions de l’amour-propre, aux rêves de l’ambition, se crée des fantômes brillants que le réveil dissipe, laissant à leur place la triste réalité et la per- ception désolante de la situation actuelle. À force de s’échauf- er et d’embellir l’avenir, l’imagination use, pour ainsi dire, ses ressorts, et finit par retomber dans ce degré d’hébétude où elle ne peut plus se créer de chimères, où toute distraction devient insipide, où la moindre contrariété réveille l’aigreur et rend méconnaissables les plus doux caractères. Dans cet état d’esprit les liens de société et d’amitié sont rompus; h. charge à soi-même , on devient insupportable aux autres. Malheur aux subordonnés dont le chef est atteint de cette funeste affection mentale! L’autorité absolue, dépourvue du frein de la raison, dégénère en un hideux despotisme : cet état permanent d’irritabilité finit par exalter le système sen- sitif, au point de produire ces hallucinations, qui font croire au malade qu il est atteint d’une fouie de maux, imaginaires le plus souvent, mais dont la perception n’en est pas moins réelle, et qui finissent même par se manifester effectivement. Cette disposition morale est donc une véritable maladie, et, qui plus est, une maladie contagieuse: l’aspect sinistre, les propos et les actes de ces personnes souffrantes compriment les élans des naturels les plus heureux, et les montent bientôt h leur unisson : c est alors que le séjour des navires devient une vé- ritable image de l’enfer. » Cette théorie de la nature nerveuse, cérébrale de l’hypocon- drie, était celle de Willis ; c est celle de Georget, qu’alors je ne connaissais pas, et celle que notre ami, le docteur Dubois, d Amiens, à développée avec talent dans un mémoire couronné par la société de médecine de Bordeaux. Pour lui comme pour nousj’hypocondrieestuneattentionpersévéranteet concentrée sur l’état de nos propres organes qui bientôt deviennent réelle-