De la folie au point de vue philosophique ou plus spécialement psychologique étudiée chez le malade et chez l'homme en santé / par Prosper Despine.

  • Despine, Prosper, 1812-1892.
Date:
1875
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Credit: De la folie au point de vue philosophique ou plus spécialement psychologique étudiée chez le malade et chez l'homme en santé / par Prosper Despine. Source: Wellcome Collection.

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    revenu à la raison, chose rare, cette énumération, disons- nous, est très-précieuse pour le psychologue, car ce qui se passe chez Pierre est exactement ce qui se passe chez tous les fanatiques. Aucun d'eux ne reconnaît l'absurdité, l'im- moralité des pensées suggérées par sa passion, et aucun d'eux ne le peut tant que cette passion l'aveugle, le domine, tant qu'elle dirige les facultés intellectuelles, tant qu'elle étouffe dans la conscience la voix des sentiments moraux. Le fanatisme religieux a enfanté des folies bien plus mon- strueuses que ne l'était la folie de Pierre; témoin celles qu'a produites l'Inquisition, qui torturait horriblement avant de mettre à mort. Ce ne sont point lesidées absurdes et cruelles inspirées par la passion qui constiluent la folie des fana- tiques; ce qui la constitue, c'est l'ignorance morale à l'égard des inspirations passionnées, c'est, dans celte absorption de l'esprit par la passion, de ne pouvoir point avoir d'idées morales et rationnelles pour combattre ces idées, les sen- timents moraux qui pourraient inspirer ces idées n'ayant point accès à l'esprit de ces exaltés; c'est de sentir par une conscience composée d'une passion caractérisée par la per- version et l'exagération, et qui est en même temps juge et partie, que les idées qu'elle inspire sont bonnes, justes et rationnelles; c'est, en un mot, l'aveuglement moral de l'es- piit à l'égard des inspirations passionnées, aveuglement devant forcément résulter de l'état psychique dans lequel se trouve le fanatique.) » Le samedi suivant, voyant mon père et ma grand'- mère partis pour Aunay, et les trois que j'avais résolu de tuer réunis dans la maison, je pris promptement mes habits du dimanche. Mais, lorsque je fus prêt, ma mère et mon frère étaient allés au bourg ; je m'éloignai quelques instants. A mon retour, je les trouvai tous trois réunis dans la maison ; mais je ne pus me décider à les tuer. Alors je me dis : Je ne suis qu'un lâche, je ne pourrai jamais rien faire. (Si quelque sentiment rationnel, tel que le sens moral, ou la pitié, ou la crainte des châtiments