De la folie au point de vue philosophique ou plus spécialement psychologique étudiée chez le malade et chez l'homme en santé / par Prosper Despine.

  • Despine, Prosper, 1812-1892.
Date:
1875
Catalogue details

Licence: Public Domain Mark

Credit: De la folie au point de vue philosophique ou plus spécialement psychologique étudiée chez le malade et chez l'homme en santé / par Prosper Despine. Source: Wellcome Collection.

Provider: This material has been provided by the Harvey Cushing/John Hay Whitney Medical Library at Yale University, through the Medical Heritage Library. The original may be consulted at the Harvey Cushing/John Hay Whitney Medical Library at Yale University.

    578/1024 (page 562)
    Pierre étouffant tous ses sentimeuts rationnels, ce jeune homme méprise les lois qui s'appuient sur ces sentiments, ainsi que cela arrive chez tous les fanatiques lorsque leur passion paralyse ces facultés morales, et chez les individus mal conformés moralement qui, étant dénués de ces facultés, éprouvent des désirs criminels.) J'avais lu dans l'histoire romaine que les lois des Romains donnaient au mari droit de vie et de mort sur sa femme et surses enfants. Je vou- lus braver les lois. Il me sembla que ce serait une gloire, que je m'immortaliserais en mourant pour mon père. Je me représentai les guerriers qui mouraient pour leur patrie et pour leur roi ; la valeur des élèves de l'école polytechni- que lors de la prise de Paris en 1814. Je me disais : Ces gens-là mouraient pour soutenir le parti d'un homme qu'ils ne connaissaient pas, qui ne les connaissait pas non plus et qui n'avait jamais pensé à eux. Et moi je mourrai pour délivrer un homme qui m'aime, qui me chérit. L'exemple de Châtillon, qui défendit seul jusqu'à la mort le passage d'une rue par où les ennemis arrivaient pour prendre son roi ; le courage d'Éléazar, frère de Macchabée, qui tue un éléphant sur lequel il croyait qu'était le roi ennemi, quoi- qu'il sût bien qu'il allait être écrasé par le poids de l'ani- mal ; l'exemple d'uu général romain qui se dévoue à la mort pour soutenir son parti : toutes ces choses me pas- saient par la tète et m'invitaient à faire mon action. Le dernier ouvrage que je lus, était une histoire de naufragés; j'y vis que lorsque les marins manquaient de vivres, ils faisaient un sacrifice de quelques-uns d'entre eux qu'ils mangeaient pour sauver le reste de l'équipage. Je pensai: je me sacrifierai aussi pour mon père. Tout semblait m'in- vitera cette action, même le mystère de la Rédemption. Je pensais que c'était plus facile à comprendre. Je disais: Jésus-Christ est mort sur la croix pour sauver les hommes. Il était Dieu, il pouvait donc leur pardonner sans souffrir; mais moi je ne peux délivrer mon père qu'en mourant pour lui. (On voit, dans celte évolution du fanatisme, combien il