De la dignité et du charlatanisme en médecine / par L. Germe.

Germe, L.

Date:: 1887

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Credit: De la dignité et du charlatanisme en médecine / par L. Germe. Source: Wellcome Collection.

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quart d’heure l’homme, considéré comme mort, revient à lui au mi¬ lieu des acclamations de la foule qui crie au miracle. Almansor, informé de l’événement, fait venir Rhazès et luidit : «Je vous con¬ naissais pour un excellent médecin, mais je ne vous croyais pas hommeàressusciter les morts».Rhazès,aulieude profiter de cette heureuse circonstance pour grandir son mérite, répondit simple¬ ment : « J’avoue que j’entends la médecine, mais je ne sais pas rendre la vie aux hommes ; c’est l’ouvrage de Dieu. » Et, il ex¬ pliqua qu’il n’avait fait qu’imiter ce qu’il avait vu faire avec suc¬ cès par des arabes dans les déserts, au moment de son voyage de Bagdad en Egypte. Almansor, frappé par ce récite! par la noble sincérité de Rhazès, lui dit que son pays pouvait se vanter de posséder en lui un Ga lien. Rhazès répliqua modestement que Vexpérience vaut mieux que le médecin. Il y a quelques siècles, Messieurs, alors que des conceptions fausses et délirantes surgissaient dans la généralité des esprits ; qu’elles engendraient le fanatisme et la cruauté ; que ces féroces passions s’étalaient brutalement dans le sanctuaire de la justice ; qu’elles s’acharnaient, sous son égide, contre de malheureux in¬ nocents accusés de sorcellerie ; qu’elles les condamnaient à expier dans les tortures et sur le bûcher des crimes chimériques, un homme apparait ; c'est le médecin Jean de Wier. II pense vrai dans un milieu et à une époque où tout le monde déraisonne ; en face de criminelles procédures il conserve le sentiment du juste, alors que les magistrats sont inconsciemment iniques ; en pré¬ sence des tortures et des bûchers et lorsque tout le monde applau¬ dit à ces atrocités, il garde, profondément gravé au fond du cœur, le respect de la personne humaine. Indigné, et sans se préoccuper des risques et des périls qu’il va courir, il a le courage de publier un livre, Deprœstigiis dœmonum, dans lequel il s’élève contre des croyances séculaires, dans lequel il attaque avec véhémence les tribunaux qui jugentles prétendus sorciers, et flétrit les juges par les apostrophes les plus violentes. Honneur à ce grand citoyen qui « eut, écrit Axenfeld,le cuite de la raison en un temps où les plus sages extravaguaient, et la pas¬ sion de la justice quand, autour de lui, les meilleurs étaient in-