De la dignité et du charlatanisme en médecine / par L. Germe.

  • Germe, L.
Date:
1887
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Credit: De la dignité et du charlatanisme en médecine / par L. Germe. Source: Wellcome Collection.

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    Si nous jetons un coup d’œil sur l’histoire de la médecine, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, il nous sera facile de rencontrer çà et là des médecins, qui, sentant profondé¬ ment la noblesse et la grandeur de leur art, ont su respecter la personne humaine en eux et en autrui, et ont profité de leur profession pour la faire respecter. Permettez-moi de vous citer quelques exemples. Ils auront pour effets de rendre hommage à la mémoire de nobles caractères, et de contribuer à développer le sentiment de notre dignité profes¬ sionnelle en éveillant en nous le désir de les imiter. Phalaris, tyran d’Agrigente, avait pour médecin Polyclête en qui il avait mis toute sa confiance. Des conspirateurs s’efforcèrent en vain de le déterminer à attenter à la vie de ce prince — Pha¬ laris, ayant eu connaissance de ces tentatives, s’écria : «La médecine est plutôt l’art d’un Dieu que celui d’un homme, et le mérite de Polyclête est au-dessus de toute louange.» Hippocrate fut un grand médecin qu’on ne se lasse pas, et avec raison, de proposer comme modèle à l’admiration de ses dis¬ ciples. Il fut grand,non-seulement pour avoir rendu à la médecine son autonomie en l’affranchissant de la tutelle superstitieuse des prêtres d’Esculape ; pour avoir transporté dans cette science l’esprit philosophique et la méthode d’observation ; pour avoir analysé les maladies, formulé les indications curatives et en avoir tracé le tableau avec une sagacité qui fait honneur à son génie et fera, dans tous les siècles, l’admiration des vrais mé¬ decins ; mais il le fut aussi par la beauté et la noblesse de son caractère. 11 est admirable par la haute idée qu’il avait de la médecine, de son objet et de ses difficultés ; par sa constante sollicitude pour les malades qu’il s’efforçait de guérir ou de soulager ; par un . sentiment très-vif de ses devoirs professionnels ; par une pré¬ occupation continuelle de la dignité médicale, et par une aversion profonde contre ceux qui la compromettent par leur conduite, charlatans ou autres. Dans son livre De la bienséance, il n’hésite pas à s’écrier que le médecin philosophe est égal aux Dieux : « Il n’y a pas, dit-il, une grande différence entre la médecine et la philosophie, et