Oeuvres ... / comprenant tous les traitez de cet auteur.

  • Mariotte, Edmé, approximately 1620-1684
Date:
1717
Catalogue details

Licence: Public Domain Mark

Credit: Oeuvres ... / comprenant tous les traitez de cet auteur. Source: Wellcome Collection.

    213/776 (page 185)
    . - \ r. ' • N • .v 'r * DU CHAUD ET DU FROID. 18? qu’il la trouvera Froide, quoiqu’elle ne le foit pas ; 6c qu’il la trouverait chaude après avoir manié quelque tems de la neige. D’où il s’enfuit, qu’il eft impofiible de déterminer par l’attouchement les bornes du chaud 6c du froid ; c’eft à dire, de juger quand la chaleur celfe, 6c quand le froid commence. , Que fi on jette dans une cuve pleine d’eau, une poignée de fel, 6c un verre d’eau bouillante ; il eih évident que l’eau de cette cuve fera fa- iée, puifqu’il y aura du fel, 6c qu’elle aura de la chaleur, puifque celle de l’eau bouillante y fera mêlée réellement ; 6c toutefois cette eau é- tant moins falée que notre langue, elle nous paraîtra infipide, 6c nos mains étant plus chaudes, nous la trouverons froide. Ce n’eft donc pas par le fentiment du froid que nous devons juger Paroü fi une chofe eft fans chaleur , mais par des raifonnemens fondés fur d’au- !,ond°i£s très principes, 6c par les effets que la chaleur produit ordinairement. Or les principaux effets de la chaleur font, de faire croître 6c végéter eft fans les Plantes 6c les Animaux, de faire évaporer l’humidité qui eft dans chaleur, les corps, 6c de faire fondre 6c rendre liquides les chofes folides 6c grof- fiéres, comme l’or, le plomb, la cire 6c la glace, quoique félon divers degrés : car il faut beaucoup plus de chaleur pour faire fondre l’or 6c le faire couler, que pour faire couler le plomb3 6c il en faut moins pour fondre glace , que pour fondre la cire. Si donc nous croyons que le coulement de la cire foit un effet de la chaleur, 6c qu’elle ne puiffe fe fondre fans être chaüde; pouvons-nous douter que, lorfque la glace fe fond, cette fùfion ne foit au fi un effet de la chaleur, 6c qu’elle ne foit véritablement chaude lorfqu’elle eft foaduë? D’ailleurs, quelque froide que l’eau nous paroiffe, elle pouffé des vapeurs, comme il fe voit par les brouillars qui s’élèvent fur les E- tangs 6c fur les Rivières,même de nuit 6c en Hiver, ce qui ne fe pour¬ rait faire fi ces eaux étoient fins chaleur : 6c les poiffons ne pourraient digérer, croître, 6c faire leurs autres fonétions , fi leur tempérament ïi’avoit quelque degré de chaleur; 6c parce que l’eau eft d’ordinaire d’un même tempérament que les poiffons, il s’enfuit qu’elle eft chaude. Lors qu’en Eté les poiffons meurent dans des eaux que nous trouvons froides, cela ne peut arriver que parce qu’elles font trop chaudes à leur égard; d’où vient qu’ils cherchent alors l’eau des fontaines, qui vrai- femblablement leur paraît tiède , 6c n’altère point leur chaleur natu¬ relle. A quoi fi on ajoûte que le Creffon 6c les autres Herbes aquati¬ ques croiffent 6c fleuriilênt en Eté dans des Fontaines que nous trou¬ vons très-froides; il n’y aura plus lieu de douter qu'il n’y a point d’eau qui ne foit chaude. Cela étant fuppofé, il eft allez facile de montrer qu’il y a peu de glace 6c de neige qui n’ait auffi quelque chaleur: car, fi l’eau tiède diminuant peu à peu fa chaleur, nous femble peu à peu de¬ venir froide, il eft vrai-femblable, que continuant à nous paraître un peu plus froide lorfqu’elle commence à fe geler, elle conferve encore A a quel- /