Volume 17

Encyclopédie des sciences médicales / par MM. Alibert, Barbier, Bayle [and others]. [M. Bayle, rédacteur en chef].

Date:
1834-1846
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Credit: Encyclopédie des sciences médicales / par MM. Alibert, Barbier, Bayle [and others]. [M. Bayle, rédacteur en chef]. Source: Wellcome Collection.

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    Il fut amplement récompensé de son dévouement par les succès extraordinai- res qu’il obtint, et par lVnthousiasme universel qu’il excila parmi les élèves qui affluaient à ses leçons. — L’Ecole de Paris ne jouit pas long-temps de l’éclat que répandait sur elle son jeune profes- seur d’anatomie. Déjà l’assiduité d’un tra- vail prolongé avait altéré la santé de Béclard ; depuis long-temps il avait ressenti les symptômes d’une inflam- mation chronique de l’estomac, quand les mêmes causes déterminèrent, dans le commencement de mars 1825, le déve- loppement d’une affection cérébrale ai- guë , précédée ou accompagnée d’un érysipèle à la face, affection à laquelle il succomba le 16 mars après onze jours de maladie , malgré les soins les plus éclairés de l’art et de l’amitié. — Dans les premiers jours de sa maladie, el dans ceux où la rémission des accès laissa quelque liberté à son esprit, Béclard connut le danger de sa position, et il établit le diagnostic de sa maladie avec autant de précision qu’il en aurait ap- porté dans l’examen d’un cas ordinaire. — Epoux et père heureux, chéri de deux familles dont il était l’ornement et l’es- poir, environné de toutes parts de l’es- time et de la considération dues à son beau caractère et à son immense talent, Béclard sentit vivement tout ce qui l’at- tachait à la vie , el l’indifférence eût été une ingratitude dont son cœur était in- capable , mais il envisagea cependant avec fermeté la mort qu’il vit approcher. La sollicitude générale dont il fut l’objet pendant sa maladie, la consterna- tion publique que causa sa mort, sont le plus bel éloge de Béclard. Les profes- seurs et les agrégés de l’Ecole de méde- cine, un nombre considérable de méde- cins de Paris, et plus de deux mille élè- ves, vinrent rendre les derniers devoirs à leur collègue, à leur ami, à leur maî- tre. Les élèves se disputèrent l’honneur de porter tour à tour son cercueil jus- qu’au lieu qui devait recevoir sa dé- pouille mortelle ; et, malgré les instan- ces qui leur furent laites, ils ne voulu- rent pas abandonner ce dépôt sacré, et le char funèbre suivit, inutile, le con- voi , qui traversa la plus grande partie de la capitale. — Le peuple, étonné d’une pompe si extraordinaire où il ne découvrait pas les insignes de la puis- sance, demandait le nom de celui au- quel on rendait un hommage si tou- chant j ce nom, inscrit si honorablement dans les fastes de la science, lui était totalement inconnu. Cependant chacun répétait : « C’est le gendre de M. Du- bois; » et la renommée populaire de cet homme si justement célèbre ajoutait à la grandeur et à la tristesse de la céré- monie. Les élèves, arrivés au cimetière de l’Est après deux heures de marche, dé- posèrent leur précieux fardeau non loin du lieu où les disciples de Monge ont élevé un tombeau à cet homme illustre. Ce pieux devoir n’a pas été la dernière marque de leur amour pour leur maître, ils ont voulu consacrer dans l’avenir, par un témoignage, durable, le senti- ment qui les animait, et, du produit d’une souscription remplie en partie par eux (1), ils lui élevèrent un monument funèbre. — Béclard fut un des plus sa- (1) Un des commissaires chargés de diriger l’emploi des fonds destinés à l’é- rection du monument à la mémoire de Béclard, reçut la lettre suivante d’un médecin des Etats-Unis, que nous croyons devoir faire connaître en partie, parce qu’elle honore autant le caractère de ce- lui qui l’a écrite que le souvenir de l’homme dont la perle se fait chaque jour sentir davantage. « Washington, le 27 avril 1825. » Voici une si douloureuse » nouvelle que nous annoncent les gazet- » les de Paris, que je ne me sens pas la • force de vous parler d’autre chose; » vous jugez qu’il s’agit de la mort de » M. Béclard. Nous l’apprenons en même » temps que sa maladie, dont nous igno- » rons la nature, mais qui a dû être bien » subite et bien violente. Personne ne » sent, plus que moi, ce que la perte » d’un homme aussi habile, aussi recom- • mandable doit apporter d’affliction • dans sa famille, chez ses amis, et quel » vide elle doit laisser dans l’exercice » d’une science dont il était déjà ie plus » habile professeur Vous » étiez l’ami de celui que nous regret- » tons tous, et à qui je devais person- » nellement une véritable recommissan- » ce (* *). J’ose espérer, monsieur, que » vous êtes aussi le nôtre, et c’est à ce » double titre que je vous prie de vou- » loir bien être, dans cette circonstance, (*) L’auteur de cette lettre avait été opéré de la taille par Béclard : la guéri- son était complète, et le malade put sortir huit jours après l’opération.