Orthopédie : déviations du rachis, mal de Pott, luxations congénitales, coxalgie / Léon & Jules Rainal frères.

  • Rainal (Léon et Jules frères, Paris)
Date:
1901
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Credit: Orthopédie : déviations du rachis, mal de Pott, luxations congénitales, coxalgie / Léon & Jules Rainal frères. Source: Wellcome Collection.

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    C'est donc sous la seule influence du poids de la tète et du corps que sc pro- duisent les trois courbures antéro-postérieures de la colonne vertébrale; les liga- ments ne sont pas assez serrés pour la maintenir dans la rectitude, et la mobilité dont jouissent surtout certaines régions la prédispose à ressentir l'influence de la pesanteur dans la station. Les muscles peuvent, il est vrai, y remédier, mais ne font que pourvoir au maintien de l’équilibre et, d'ailleurs, ils se fatiguent. Il y a une inégalité persistante de développement entre les deux moitiés du corps, qui sc traduit par plusieurs faits bien sensibles; b' bras droit est plus gros que le gauche, la main droite plus longue et plus forte. Si l'on admet la moindre différence de développement dans une des moitiés d'une tige composée de vingt- quatre os, on comprendra qu'il puisse sc traduire par une concavité légère du côté le moins développé, qui pourra s’exagérer sous l'influence d'une cause donnée. Cette cause, nous l'avons trouvée, pour l'état normal, dans la prédominance d’action du côté droit. La fixité, nécessaire aux mouvements énergiques, ne l'est pas moins pour les mouvements légers, mais qui demandent beaucoup de précision. La jeune tille qui brode, qui dessine ou écrit, doit si* prémunir contre la vacillation du rachis, qui entraînerait celle de l’épaule et de la main : elle tient donc le rachis légèrement courbé dans sa partie supérieure. Cette flexuosité, qu’on regarde généralement comme une habitude vicieuse, n'est autre chose que la condition indispensable, pour un sujet faible, de l’exécution de certains actes du bras droit. Aussi, est-il très sou- vent impossible, malgré les remontrances les plus fréquentes, d'obtenir de la jeune tille la plus docile cette rectitude tant désirée des mères de famille et l’on comprend ce que peut amener, à la longue, chez un sujet prédisposé, cette inflexion fréquem- ment répétée et devenue en quelque sorte habituelle. Cette théorie n’explique pas seulement la formation des courbures latérales; elle indique aussi le traitement ou, au moins, le moyen préventif que l'on peut mettre en usage contre elle. Toutes les recherches sérieuses au sujet de l'action des muscles de la colonne ver- tébrale ont abouti, unanimement, à celle conclusion, que la rétraction musculaire est un élément absolument étranger aux déviations rachidiennes ordinaires. Une courbure de la colonne vertébrale étant donnée, il se produit, au-dessus et au-dessous, d’autres courbures complémentaires, qui ont pour but de ramener l’axe du corps au centre de gravité. Cela existe, de même, à l’état pathologique; elles sont dues, dans l'un et l’autre cas, à la contraction musculaire. C’est aussi sous l’influence de cette contraction que s'établissent les courbures vertébrales, lorsque, l’un des membres étant trop court, l’équilibre se trouve compromis. Le relâchement dos ligaments, comme cause primitive des déviations vertébrales, avait été invoqué par Ambroise Paré* « de laquelle (la colonne vertébrale) estant encore les ligaments, laxes, mois et gléreux, en se relevant pour la pesanteur de tout le corps, dont l’espine est le fondement, comme la carène d’un navire, se contournent d’un costé et d’autre, et sc ployant en figure do la lettre S, qui fait qu’elles (les petites tilles) demeurent tortues et bossues, et quelquefois boiteuses ». Nous rappelons, encore, une fois, que la cause de toute déviation permanente est rallongement des ligaments dans un sens et leur rétraction dans l’autre et nous admettons que les disques intervertébraux, que les vertèbres elles-mêmes, pouvaient aussi, bien que consécutivement, être modifiées dans leur structure et leur forme, et recevoir, au bout d'un temps plus ou moins long, l'empreinte ineffaçable de la déviation. Déjà, nous savons que, dans les courbures normales, ce sont les disques interver- 1. Ambroise Paré, c«lit. Malgaigne, I. II, p. 611.