Quelques problèmes de littérature alchimiste / J. Ruska.

Ruska, Julius, 1867-1949.

Date:: [1931]

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Credit: Quelques problèmes de littérature alchimiste / J. Ruska. Source: Wellcome Collection.

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de la forme et du fond. Cette perfection de la forme, cette évidence inattaquable du fond, il ne faut plus s’y attendre à partir du moment où la curiosité scientifique commence à se porter sur l’infinie variété des phénomènes naturels ainsi que sur les mystérieuses métamorphoses que subissent les corps et les forces du monde observable. Jug;eant précipitamment et mal exercé à observer, l’homme inexpérimenté ne peut que tomber d’une erreur dans l’autre ; seuls les observateurs les plus perspicaces et les penseurs les plus hardis parviendront à écarter des erreurs anciennes et à saisir de plus près les causes vraies des phénomènes. Cet abîme entre la connaissance théorique et l’application pra¬ tique, nous le constatons dans tous les domaines de la vie quotidienne; et les problèmes de la chimie n’échappent pas à cette nécessité. Au cours de son évolution plusieurs fois millénaire, l’humanité n’a pas cessé de recueillir et d’utiliser des expériences de chimie, sans que personne songeât encore à les réduire en un système scientifique ou à ramener les phénomènes à leurs causes premières. Dès la plus haute antiquité, les peuples ont su utiliser la force créatrice ou destructrice du feu, les propriétés dissolvantes ou purifiantes de l’eau, les processus organiques de la putréfaction, de la fermentation, de l’acidification et de la coagulation, ainsi que l’action médicatrice ou toxique de toutes sortes de corps. Et cependant il faut descendre jusqu’à l’époque des philosophes naturalistes grecs pour trouver les premières traces de méditations tendant à découvrir les causes de tous ces phénomènes, tandis que la réelle connaissance des lois qui les régissent ne remonte pas au-delà de la fin du XVIIP siècle de notre ère. C’est dans ce long intervalle de plus de 2000 ans que vient se placer l’histoire de i’aleliimie, que les uns considèrent comme une aberration, tandis que d’autres y voient un chaînon nécessaire dans l’évolution des sciences chimiques. Cette alchimie a donné naissance à toute une vaste littérature ; et c’est de cette littérature, ou plutôt de certains types particulièrement importants de cette littérature que je me propose de brosser un tableau, pour permettre au lecteur de juger par lui-même laquelle de ces deux opinions se rapproche le plus de la vérité. Il convient de dire d’abord quelques mots des philosophes natu¬ ralistes grecs. On sait que, vers 600 ans avant J.-C., Th al è s de Milet désignait l’eau comme l’élément primordial de l’Univers. D’autres philosophes, tour à tour, assignèrent ce rôle à la Terre, à l’Air et au Feu; aussi ne faut-il pas s’étonner de voir Empédocle d’Agrigente déclarer au siècle que la Terre, l’Air, l’Eau et le Feu sont les quatre éléments primordiaux, des combinaisons variées desquels résul¬ tent tous les corps particuliers. La juste proportion de ces quatre élé¬ ments est la condition de toutes les propriétés normales du corps et de l’esprit, tandis que leur déséquilibre est la cause des maladies et de tous les états anormaux.